Lignée

Publié le 27 septembre 2019 à 17h11.
Mis à jour le 1 juillet 2023 à 00h03.

Introduction

On retrouve le concept de lignée dans de nombreux arts martiaux asiatiques, dont les chinois. Il s’agit de la « ligne généalogique » des maîtres qui nous ont précédé, non pas au sens de la famille de sang mais au sens du style de l’art pratiqué.

Un disciple transmet généralement ce qu’un maître lui a enseigné. Le maître avait la plupart des fois suivi les traces d’un autre mentor qui avait fait la même chose, et ainsi de suite. On peut ainsi souvent remonter la lignée complète d’un disciple jusqu’au maître le plus ancien reconnu historiquement. Dans le cas du taiji, on doit normalement pouvoir remonter jusqu’à Chen Wangting (1600-1680, cf. Qu’est-ce que le taiji quan ? pour une brève histoire de cette discipline).

La notion de lignée est importante car c’est l’intronisation d’un disciple par un maître qui faisait office de diplôme dans le passé. En effet, les chinois n’utilisaient ni les diplômes ni les ceintures pour attester le niveau d’un pratiquant. En général un maître choisissait un élève qu’il considérait comme son héritier, souvent un de ses enfants. L’héritier bénéficiait d’un enseignement particulier au cours duquel il étudiait tous les détails de la discipline maintenus secrets vis-à-vis des autres pratiquants. Lorsque l’élève avait développé une maîtrise suffisante, son mentor le déclarait officiellement héritier du style. Cela lui donnait officiellement le droit d’enseigner et de représenter l’art de son tuteur .

La déclaration du maître suffisait pour attester les qualités martiales du nouveau descendant. Même s’il n’y avait pas de trace écrite de l’intronisation, il était peu probable qu’un artiste martial quelconque puisse clamer longtemps être l’héritier d’une lignée si ce n’était pas vrai. En effet, les maîtres martiaux se faisaient souvent défier en combat car vaincre un maître reconnu était un bon moyen d’attirer des disciples. Les challenges étant fréquents, une supercherie avait peu de chance de perdurer.

Figure 1 : Arbre généalogique du taiji quan style Chen

Le concept de lignée fut très clair jusqu’au milieu du 20e siècle car à cette époque les disciples vouaient une partie de leur existence à un maître unique. C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui avec l’accroissement de la mobilité des individus. De nombreux pratiquants ont l’occasion de travailler avec plusieurs maîtres, rendant cette notion de lignée de plus en plus floue.

Il est toutefois courant que même si un enseignant est influencé par plusieurs maîtres, il transmette essentiellement la tradition de l’un d’entre eux. C’est le cas de notre professeur Michel Pitermann qui, bien qu’ayant pratiqué avec plusieurs représentants de lignées différentes, a été reconnu héritier par un maître pour transmettre son style. C’est l’enseignement de ce maître que dispense Michel (cf. Lignée du CEPI plus bas).

La suite de cet article est composée d’une brève description du style pratiqué dans notre école, puis d’un résumé de la fin de notre lignée depuis le début du 20e siècle.

Le style enseigné au CEPI

Les différentes versions du style Chen contiennent deux enchaînements, le premier (di yi lu signifiant première voie) mettant l’accent sur la souplesse et la contre-attaque, le deuxième (di er lu signifiant deuxième voie, appelé aussi paochui signifiant canon battant) comportant beaucoup de sauts et de fajing (explosion). Le paochui est la clé du combat à distance et de l’attaque spontanée.

Comme la plupart des grands maîtres chinois de taiji souhaitaient dominer toute leur vie leurs étudiants, ils n’enseignaient généralement pas le paochui. Cet enchaînement était souvent réservé à un seul ou à un nombre extrêmement limité d’héritiers du style. Ces derniers avaient l’obligation de garder cette forme secrète. Les autres élèves ne connaissant pas les clés du combat à distance et de l’attaque spontanée, ils ne pouvaient pas atteindre le niveau martial de leur maître. Il est à noter que le paochui n’existe pas dans les autres styles de taiji que le style Chen.

Nous pratiquons l’enchaînement di yi lu du xin jia (nouvelle maison) du da jia (toutes les personnes) d’après Chen Zhaokui jeune. Cette forme est communément appelée le « 83 » car elle est constituée d’une suite ininterrompue de 83 séquences. Le paochui de la même lignée est souvent désigné par « 71 » pour la même raison. Nous nous concentrons uniquement sur le di yi lu car travailler le paochui sans avoir une maîtrise suffisante du premier enchaînement peut facilement dégrader les genoux si le pratiquant n’est pas à même de réceptionner ses sauts correctement.

Un élève a néanmoins mémorisé et maîtrisé à un niveau suffisant le di yi lu pour aborder le paochui. Il a donc étudié avec Michel, notre enseignant, le 71 en 2003. Il a malheureusement quitté la région peu de temps après suite à une mutation professionnelle.

Une version martiale du di yi lu dérivée de l’enseignement de la famille Chen est dispensée au CEPI en insistant particulièrement sur les principes fondamentaux. Bien que notre objectif soit l’épanouissement de l’individu, nous somme convaincus dans notre lignée (cf. section suivante) qu’abandonner le cadre martial a toutes les chances de limiter les compétences des élèves. En effet, comment progresser à un bon niveau dans une discipline s’il n’y a pas de retour sur la qualité de ce que l’on réalise ?

Ainsi, les aptitudes martiales ne sont pas un objectif en soi, mais un moyen d’évaluer la qualité des postures et des mouvements nécessaires à une relaxation profonde. Sans cette décontraction intense, le développement de la sérénité et du bien-être pourraient être plus limités. Il est d’ailleurs fréquent que des élèves venant d’écoles de taiji étiquetées « santé/relaxation » ressentent des bénéfices plus importants au CEPI, tant du point de vue de la forme générale (énergie) que de la santé, après seulement une demi-saison chez nous.

Lignée du cepi

De très nombreux ouvrages décrivent en détails la lignée de Chen Wangting (1600-1680) jusqu’à Chen Fake. Un arbre généalogique de maîtres Chen depuis Chen Wangting est présenté dans la figure 1 de cette page. Chen Fake se trouve dans la branche à gauche du point d’interrogation situé près du coin inférieur droit de l’arbre.

Voici notre lignée depuis Chen Fake :

  • Chen Fake (1887-1957). Souvent considéré comme le dernier maître de taiji de très haut niveau. En effet, de nombreux spécialistes estiment que cet art s’est dégradé progressivement à chaque nouvelle génération après Chen Fake. Il a créé la longue forme que nous étudions, même si elle fut finalisée par son fils héritier Chen Zhaokui.
  • Chen Zhaokui (1928-1981). Troisième et dernier fils de Chen Fake, principal héritier de son père en matière de taiji. Il finalisa l’enchaînement inventé par ce dernier et modifia sensiblement les mouvements en mettant l’emphase sur le côté martial de l’enchaînement. Il fut célèbre pour ses compétences en matière de capture de l’adversaire à l’aide de qin na (capture, clés pour verrouiller les articulations de l’opposant).
  • Ma Hong (1927-2013). Il étudia le taiji dès 1962 et devint un élève de Chen Zhaokui à partir de 1972. Il complexifia la forme et accentua son côté martial par rapport à ce que Chen Zhaokui lui avait enseigné. Il abaissa les postures, il ajouta des mouvements intermédiaires dans l’enchaînement et il amena de nombreux détails martiaux supplémentaires dans les gestes. Sa version du taiji quan est souvent considérée comme une des plus complexes qui ait été développée en raison des nombreux détails martiaux intégrés dans les mouvements. Certains y voient une richesse, d’autres un frein à l’étude des principes fondamentaux. Quoi qu’il en soit, il est considéré comme un grand maître et une référence importante pour le style Chen.
  • Eric Tuttle (1952-). Élève canadien de Ma Hong vivant au Canada à Victoria et recherchant le côté authentique de la forme. Sa quête l’a conduit à Ma Hong en Chine il y a plus de 20 ans. Lors de leur première rencontre, Ma Hong demanda à Eric pourquoi il voulait travailler avec lui. Eric lui répondit que c’était parce qu’il avait étudié l’histoire du taiji. Ma Hong l’a alors pris sous son aile. Eric cherche à répliquer au mieux l’héritage de ce grand maître.
  • Michel Pitermann (1964-). Enseignant du CEPI vivant dans la région d’Aix-en-Provence. Il a commencé l’étude du taiji par le style Yang en 1991. Il fut initié au style Chen en 1992, puis aborda différents styles de kung fu à partir de 1997. Il rencontra Eric Tuttle en 1998 qui lui enseigna la version du di yi lu du xin jia du da jia que l’on travaille au CEPI. Michel a aussi étudié avec Eric le paochui de la même lignée. Il travailla ensuite avec différents maîtres, appris un style Wu, et commença l’enseignement du taiji à la fin de l’année 2001.

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